En prélude aux Journées nationales de l’archéologie, qui se sont déroulées les 16, 17 et 18 juin sur l’ensemble du territoire français, Terre des Sciences a organisé, le mercredi 14 juin, une table ronde sur l’archéologie à Angers et en Pays de la Loire, à l’Institut municipal.

Martin Pithon, un des intervenants de la soirée, archéologue à l’Institut national des recherches archéologiques préventives (Inrap), nous explique, dans le cadre de la rubrique mensuelle avec Angers Mag, le sens du travail qu’il mène à Angers et dans sa région, et ce qu’il apporte à la connaissance de l’Histoire.

Angers, une vieille histoire !

De quand date la ville d’Angers ? Qui étaient ses premiers occupants ? Comment vivaient-ils ? De quoi vivaient-ils ? Comment la ville s’est-elle construite et comment a-t-elle évoluée ? Ces questions (et bien d’autres encore) trouvent quelques réponses dans le travail quotidien des archéologues qui, à Angers comme sur l’ensemble du territoire national, explorent les trésors enfouis sous nos pied.

L’archéologie est la discipline qui étudie et reconstitue le passé à partir des vestiges matériels et des traces laissées par les sociétés anciennes. Ces témoins qui au cours du temps se sont retrouvés recouverts, enfouis, cachés, permettent d’ajouter des pages entières à une Histoire qui couvrent près d’un million d’années. Ils sont souvent fragiles, ne sont pas toujours reproductibles et sont donc extrêmement précieux. C’est dans ce sens qu’on peut les qualifier de trésors. Or, chaque jour les aménagements qui modifient notre environnement s’accompagnent de travaux qui peuvent mettre en péril les vestiges archéologiques. La France a donc décidé de les protéger des destructions par un ensemble de lois qui exigent notamment que chaque projet soit précédé par des investigations spécifiques. C’est ce que l’on appelle l’archéologie préventive.

A Angers, les fouilles archéologiques préventives qui, depuis près de cinquante ans, recueillent, enregistrent et analyses les vestiges mis au jour dans le cadre de ces projets, ont profondément renouvelé notre connaissance de l’histoire de la ville. Ainsi, on sait désormais que la ville romaine (Iuliomagus, Ier-Ve siècle) s’est développée à partir d’une agglomération gauloise juchée sur le promontoire rocheux qui domine la Maine (actuel quartier de la Cité). Correspondant à un oppidum (agglomération fortifiée), cette première ville faisait partie du territoire des Andicavi qui fut conquis, comme l’ensemble des Gaules, par les romains au milieu du Ier siècle avant notre ère. Les fouilles ont également révélé que les hommes du Néolithique avaient déjà investi le site en construisant vers 5 000 ou 4 500 avant notre ère, une tombe monumentale. Il s’agit d’un cairn, construction circulaire en schiste d’au moins 20 m de diamètre, dans laquelle étaient aménagées des chambres pour y déposer les défunts. Cette tombe, découverte en 1993 est aujourd’hui le plus ancien monument d’Angers et on peut voir en visitant le château ce cas rarissime d’un monument préhistorique conservé au cœur d’une ville. Ce cairn constitue également le témoignage le plus ancien de l’exploitation du schiste si caractéristique de notre région.

Entre ces vestiges anciens et la ville actuelle, les archéologues retracent, à la faveur de chaque opération d’archéologie préventive, les différentes étapes de l’évolution de la ville. Tout en faisant œuvre de recherche scientifique sur le passé, ils contribuent à une meilleure connaissance, donc à une meilleure sauvegarde du patrimoine commun. Par la valorisation et la communication des résultats de leurs recherches, les archéologues apportent des réponses aux curieux toujours nombreux à se presser aux portes-ouvertes de chantiers, aux conférences et aux expositions d’archéologie.

Martin Pithon – Institut national des recherches archéologiques préventives (Inrap) Angers www.inrap.fr